1- Chercher un relais de croissance
- Aujourd’hui l’Onf tente un come-back justifié en espérant « une rémunération en contrepartie de son action contre l’effet de serre et la pollution de l’air à travers l’entretien de ces puits de carbone que sont les forêts… »
- Peut-être, mais une autre alternative stratégique doit être activement et rapidement explorer : situer la richesse collective des forêts comme terrain d’expérimentation et d’usage à large échelle du numérique dans les méthodes d’exploitation, de valorisation et de gestion (Cf ci-après).
- Une aubaine pour le très haut débit via le développement des usages professionnels, ludiques et des savoirs ; en veillant à créer de la valeur ajoutée locale en contexte numérique, gage d’une proximité entre l’Onf et les citoyens.
2- Smart forêt : la cartographie des émotions au service de la politique forestière
- L’Onf est-il au courant de la déferlante des objets communicants, des robots, du rôle à venir des maquettes numériques dans la gestion des forêts… ?
- Usage de robots comme autant de petites fourmis montant dans les arbres, parcourant les sous-bois… pour faire une coupe « rase ou non », sélectionner les tiges à conserver, évacuer les grumes et les souches, trier les gros bois dans les tas de rémanents, reprofiler un fossé…
- Puces électroniques sur les arbres, permettant une vision complète en maquette numérique pour suivre toutes les évolutions de la forêt. Mais aussi connaître en temps réel : la santé des arbres, le cubage de telle ou telle coupe, les valorisations possibles, la dépose de déchets sauvages à l’entrée d’un chemin…
- Pose de capteurs de stress ou autres sur les arbres des forêts pour suivre en temps réel la vision de notre forêt commune lors d’exploitation ou entretien.
3- Penser la forêt dans 20 à 50 ans ; à l’horizon des contextes technologiques, sociaux et humains d’aujourd’hui…
Même si l’Onf utilise déjà des engins forestiers pour la mécanisation des coupes, l’Onf doit être de notre époque numérique, alors que dans les commodités du quotidien, dans les activités industrielles, de services, de mobilité… les robots , objets communicants envahissent les processus de production… [9]
Quelques repères concrets dans divers secteurs… à transposer pour une parcelle forestière.
Et s’il fallait s’en convaincre…
4- Pour innover, l’Onf devrait viser « l’ingéniosité collective »
- Des pistes de progrès à explorer (elles se déploient activement dans la société civile comme dans de grandes organisations)… pour dépasser le simple constat suite à une coupe rase : « Mais çà repousse ! »
Agir ainsi, traduirait une ouverture d’esprit, dans le sens du propos du Président du Conseil d’Administration de l’ONF, Jean-Yves Caullet, dans un article du 28/02/2014, au Courrier des maires : Ne plus laisser l’avenir de la forêt dans les seules mains des spécialistes ? - La délégation de l’Etat en matière de gestion de Nos Forêts, doit conduire à anticiper largement l’incidence des mutations technologiques sur l’exploitation et l’entretien des forêts, et l’évolution associée dans les savoir-faire et l’usage des compétences actuelles.
C’est bien ce que dit le centre de recherche Irstea (ex Cemagref) sur le volet prospective avec une introduction très instructive sur notre sujet : « Penser les futurs possibles à partir de tendances lourdes et de signaux faibles pour éclairer les décisions d’aujourd’hui afin d’anticiper et d’être acteur de son futur plutôt que de subir. Cette posture d’anticipation facilite la prise de décision ». Tout un programme ! - Ce programme peut trouver sa place dans un Protocole « Projet pour une parcelle »… comme cela est proposé par l’Onf dans l’exemple de la parcelle 137 : « mettre en oeuvre le protocole « un projet pour une parcelle » pour la parcelle 137. Il s’agit d’un travail où l’on croise les potentialités forestières du milieu avec les objectifs paysagers et d’accueil du public afin d’obtenir des scénarios de conduite des peuplements forestiers. »
- Il faut à ce titre résoudre le dilemme déploré à juste titre par Raja Chatila « Notre problème, c’est le manque de collaboration entre le public et le privé. L’écosystème ne fonctionne pas correctement. La recherche publique et les start-up n’arrivent pas à nourrir les grands groupes. On se parle tous, mais on ne parvient pas à trouver des sujets communs » [10].
- L’Onf a de vrais atouts entre ses mains car les sujets autour de la forêt ne manquent pas pour mobiliser l’ingéniosité collective et participer à l’enjeu majeur de la Biodiversité :
- remplacer les caméras par des capteurs-avertisseurs aux entrées sensibles , pour lutter contre les déchets sauvages ;
- assurer un suivi des peuplements forestiers, créer des maquettes numériques périodiques de quelques parcelles pilotes, donc de leurs accroissements, de leurs accidents hydriques, climatiques …, de leurs divers états sanitaires ;
- déployer des informations pédagogiques sur les outils de mobilités de plus en plus capteurs et objets communicants entre eux ;
- pour l’estimation sur pied (et non « bord de route » après abattage, qui réduit la marge d’erreur) des grumes d’arbres exploités, accueillir les projets en cours de recherche-développement, afin de pouvoir utiliser des lasers de cubage, au lieu et place de l’estimation visuelle complétée par des tables d’analogie ;
- utiliser des drones adaptés pour la surveillance des feux de forêts ;
- en complément des engins utilisés dans la forêt pour la mécanisation des coupes, exploiter des robots et exosquelettes pour exécuter certains travaux lourds ou de veille en forêts.
- valoriser l’usage et l’exploitation des données recueillies via des objets communicants en les plaçant de façon adaptée en Open Data etc…
Sans doute s’inspirer de l’appel au volontarisme du récent rapport de Philippe Lemoine sur la transformation numérique de l’économie française et accepter un challenge : la transformation numérique de l’Onf génèrera plus d’opportunités que de risques pour sa pérennité et la qualité de son savoir-faire.